aves vous vu le berger ?

Avez vous vu le berger?

avez vous le berger? avez vous vu le berger avec son grand chapeau et son long manteau de laine? l'avez vous vu quand les jours s'allongent et que le printemps monte vers les cimes? le berger qui, dans les premières fraîcheurs du soir, se détache en ombre noire sur l'herbe grasse et plonge son regard au fond de la vallée qui s'enrhume sous les premiers assauts de la brume fumante.
quand la nuit s'est emparée de tout, allongé sur son lit de bois aux pieds englués sur un sol de boue, après s'être enivré du bon vin et du fromage, le berger se repaît de ses amours d'antan et s'invente toutes sortes d'histoires a donner des frayeurs aux petits enfants.
dehors, noiraud ,sentinelle de nuit et fidèle compagnon de fortune, repose, l'oreille frémissante et l’œil aux aguets, car l'ennemi héréditaire aux dents acérées, veille, espérant un relâchement de l'animal de dévouement. a l'intérieur de la cabane, les braises dans l'âtre et les rêves fous de celui qui sommeille.

a l'envers de saison, avez vous vu le berger? la vague mouvante qui ondule comme la lave grise d'un volcan et qui s'en va se jeter sur le bourg, nuage de poussière de laine trouant les ruelles et débouchant sur la place devant les vieux du village, et cette senteur des montagnes qui imprègne tout l'air, et puis les filles, au sourire en fleur, qu'elles s'en amourachent de l'homme a barbe blonde et au regard de métal, faisant fi de ses rides, elles s'appèlent a pleins éclats de rire a faire le dos rond.
et encore les momes émerveillés, aux grands yeux écarquillés, qui n'avaient jamais vu de père noël tout habillé de noir. l'homme qui avance de son pas régulier mais fatigué, sa main ferme sur son bâton, n'a pas tourné la tête, il n'a pas détaché son regard du jusqu'au plus loin qu'il peut voir, et tout ça qui transperce tout dans des nuées de mouches et des odeurs de roussi, dans le bitume fondu qui colle aux pattes des bêtes , et tout l'air qui tremble dans les bêlements, et le vacarme qui s'en va vers le bout et s'estompe doucement au bas de la route, et le silence qui revient , les chuchotements sur le pas des portes et les visages déçus.
avez vous vu le berger.? .........................

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