On me dit bout entrain du soleil levant , moi je dirai plutôt que je suis un triste des nuits médiévales.
J’ai toujours pensé que la tristesse était du bon pain qui levait dans un bonheur sous-jacent pour nourrir notre bonne volonté a vivre et perdurer.
Pas comme ces éclats de rire tonitruants qui n’ ont que de valeur l’espace d’un instant ,la tristesse dure , la joie s’ évapore à la moindre contrainte ,a la moindre incompréhension ,au moindre malheur , alors on pleure , quand on est triste ,on ne pleure jamais, ou alors ce sont des tristes préfabriqués , en carton-pâte , des félibres larmoyants , des poètes plaintifs au sang blanc coulant dans les veines de leurs bras .
La tristesse ,c’est le sel et le poivre de la cuisine de la vie ,la joie c’est du régime végétarien ,c’est un exutoire a court terme ,c’est un tremplin vers la déception.
Moi j’ai un avantage en comptabilité matière , je suis triste trois fois par an ,une fois au réveil brutal des couleurs ,des ombres et des lumières ,quand le prince printemps se met à vous faire battre la chamade , une seconde fois dans la lente déperdition des jours quand le roux barbouille tout ,quand les premiers angélus accompagnent du fond des vallées les brouillards insidieux qui , en septembre, s ’évaporent du lit des rivières languissantes , une troisième fois , a l’arrivée de l’hiver, quand les cols relevés font face à la cavalerie des dieux féroces ,dans le vent qui hurle sa haine avec cette voix des dieux morts et ses cavaliers noirs qui empêchent le ciel .
Les joyeux le sont une fois par an , ils sont pauvres ,c’est quand l’été furibond vient assommer les sens et créer des utopies éphémères .
Avez vous vu un faon pleurer sa mère disparue ? Non !!! Il est triste ,il ne pleure pas , il ne se lamente pas , il s’en va de son pas perdu , pour vivre tout de même ,tout chancelant et ivre encore du lait maternel ,dans le même cas extrême , le joyeux abandonne tout !!! Le gai luron, le nain de jardin , enfin quoi!!! Faites couler le sang d’un clown , il n’en sort que des larmes blanches .
C’est comme si vous demandiez à une lavandière de sortir du linge propre d’un lavoir baigné de boue .
Je me souviens , je me souviens toujours , dans un pré tout blond ,dans cette odeur suffocante des blés qui pourrissent ,des hommes nus jusqu’à la taille , et l’astre d’or qui brûlait tout , qui purifiait tout , une petite fille pleurait pour s’ être écorché un genoux , et moi chancelant , gamin maladroit , une marguerite se trouvait la , je l’ai cueilli , je la lui ai tendu , tout simplement pour qu’elle s’ arrête de pleurer ,qu’elle reste triste ,mais surtout qu’elle ne pleure plus ,qu’elle soit heureuse , qu’elle me sourie , dans la tristesse des âmes blessées ……..
bullit